8 signes que vous avez affaire à une fraude

Mise à jour : 30-08-2022


Dans le contexte actuel, l’augmentation des fraudes en ligne crée beaucoup d’émoi dans le monde des chalets locatifs, une nouvelle réalité qui effraie les locataires.

Comment font-ils?

Les fraudeurs amateurs s’en tiennent encore au stratagème que j’appelle la « fausse propriété ». C’est-à-dire qu’un individu X publie des offres alléchantes pour une propriété prise au hasard sur le web, sans afficher de numéro de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ)1. Rapidement, plusieurs réservations se font avant même que les locataires réalisent que le « propriétaire » s’est volatilisé.

Ce stratagème n’est plus aussi populaire car les multitudes dénonciations sur les réseaux sociaux auront mis en garde les plus à risque de tomber dans le panneau : on doit toujours valider qu’il y ait un numéro de CITQ et qu’il soit valide2.

Le numéro de CITQ, garant de certitude ?

Sans discréditer l’utilité du numéro de CITQ, je vais en décevoir plus d’un en affirmant qu’un numéro de CITQ affiché ne garantit pas que vous n’avez pas affaire à une fraude.

  1. Les fraudeurs plus aguerris sont aux faits que ce fameux numéro génère une confiance chez les québécois et l’utilisent à leur bénéfice.
  2. Le site de validation des numéros CITQ (BonjourQuebec.com) n’est pas toujours tenu à jour par les propriétaires. Souvent, la demande de CITQ a été faite avant même que l’entreprise détienne un numéro de téléphone et un site web, ce qui rend inutile la validation sur le site si les coordonnées ne sont pas valides ou sont tout simplement inexistantes. La seule chose que vous pourrez constater, c’est qu’il y a bel et bien un chalet correspondant au numéro de CITQ.
Capture d’écran groupe Facebook Chalets au Québec

Il y a quelques semaines, sur les groupes Facebook respectifs Chalets à louer et Chalets à louer au Québec, circulaient des offres publiées au nom de « Diane Dujardin ». À première vue, l’offre semble crédible si ce n’est qu’on redirige les gens vers des adresses courriels différentes à chaque fois et ne portant jamais le même nom que celui de la personne qui publie (signe commun d’une fraude). Par contre, si l’on se rend sur BonjourQuébec.com – le site web sur lequel valider les numéros de CITQ – les numéros indiqués dans les annonces existent bel et bien et, au bonheur des futurs locataires, le nom du chalet, ainsi que le nombre d’étoiles correspondent aux informations dans l’annonce.

Le jackpot, vraiment?

Dans cet exemple, j’ai pris en note trois différents numéros de CITQ que Diane Dujardin a partagés sur les réseaux sociaux. Des trois, un seul avait un site internet fonctionnel, qui menait en fait vers une compagnie de gestion reconnue. Ce chalet est affiché sur ChaletsAuQuébec.com et très probablement sur d’autres plateformes connues. À ce moment-là, il est plus prudent de communiquer via les coordonnées trouvées sur BonjourQuébec ou sur ChaletsAuQuébec.com plutôt que celles dans l’annonce sur Facebook.

J’ai tenté d’élucider le stratagème de cette fameuse Diane Dujardin. Vous verrez ci-bas la conversion que j’ai eue avec la personne à qui on nous référait sur les publications. Cette tentative s’est terminée en queue de poisson, et c’était bien leur objectif. J’ai tourné à la blague l’échange incohérent, mais il faut être conscients que cette stratégie est calculée et fonctionne pour plusieurs raisons que j’explique plus loin dans l’article.

Quel était leur stratagème?

Ma déduction est celle-ci :

  • Une dame avec un profil Facebook ordinaire mais qui génère de la confiance : photos d’enfants, publications attendrissantes, tout ce qui a de plus « banal »;
  • Ils recherchent des chalets en ligne avec un numéro de CITQ valide mais sans coordonnées, ou avec des coordonnées désuètes;
  • Ils reprennent les informations trouvées sur le vrai chalet pour solidifier leur crédibilité;
  • Ils changent fréquemment d’adresse courriel, c’est pourquoi Diane redirige régulièrement vers des adresses courriels différentes;
  • Ils n’ont pas de site web, et il est impossible de leur parler par téléphone : tout se fait par courriel;
  • Ils disent que tout est complet, de laisser vos coordonnées au cas où une annulation aurait lieu, tout en demandant vos critères (dates, nombre de personne, commodités);
  • Sachant que l’été est très en demande et qu’il n’y a plus de disponibilités, encore moins à bon prix, ils vous contacteront quelques jours après, en vous disant qu’il y a eu une annulation justement pour vos dates et qu’ils sont prêts à vous laisser le séjour pour un prix très intéressants, mais que vu la forte demande, il faut agir rapidement.

Les signaux semblent clairs, mais lorsqu’on a été mis en confiance dès le départ, on ne s’attend pas à ce que ce soit frauduleux et ce n’est pas faux que la demande est forte, nous avons donc le réflexe de vouloir agir rapidement. La pression est l’élément clé sur laquelle tous les fraudeurs s’appuient.

Comment être certain que l’offre est réelle?

Malheureusement, les stratagèmes se raffinant avec le temps et l’expérience, il devient difficile d’être certain à 100% de la validité d’une offre, sans en faire payer le prix aux nouveaux chalets sur le marché et/ou aux entreprises qui ne sont pas encore tournées vers le numériques.

Quelques aspects à analyser :

  • Le chalet est-il sur plusieurs plateformes de réservation?
    • Les propriétaires de chalets désirent avoir de la visibilité et être accessibles, il est plus avantageux pour eux d’être au moins sur quelques plateformes connues (Airbnb, ChaletsALouer.com, ChaletsAuQuebec.com, VRBO, Booking, etc.)
  • Est-ce que les coordonnées sont toujours les mêmes sur chacune des plateformes?
    • Que ce soit un propriétaire unique, un groupe de propriétaires, ou une compagnie de gestion, les coordonnées de contact sont généralement toujours les mêmes car cela est plus facile pour la gestion et les suivis
  • Est-ce qu’il existe une page Facebook pour le chalet où des avis sont inscrits et/ou avec un bon nombre de followers?
    • À l’ère numérique, une page Facebook est très pertinente, mais n’est pas encore utilisée par bon nombre de propriétaires.
    • Une page Facebook avec des publications récentes, des photos, des informations, et plus d’une centaine de followers est un bon indicateur, à condition que les coordonnées soient les mêmes que sur toutes les autres plateformes
  • Est-ce que je connais des gens qui y ont déjà séjourné?
    • Le bouche à oreille est encore une bonne façon de promouvoir une entreprise et, pour les clients, d’avoir confiance en celle-ci
    • Il peut être pertinent aussi de poser la question dans les groupes Facebook de locations de chalets pour vérifier si quelqu’un a déjà séjourné ou entendu parler du chalet en question
    • Il ne faut pas oublier que dans les nouveaux stratagèmes, les fraudeurs utilisent des vrais noms et numéros de chalets existants et donc, qu’il est très probable que certains y ait déjà séjourné. Demandez à avoir les coordonnées qu’ils ont utilisées
  • Est-ce que la communication est rapide, claire, et que l’information est simple à avoir (tarification, adresse, etc.)?
    • Les fraudeurs ont un modus operandi et n’y décollent pas souvent. Ce qui est une bonne nouvelle. S’il est compliqué d’obtenir les informations et que cela semble être un texte préécrit, passez au suivant. ATTENTION, cet aspect est subjectif, les propriétaires de chalets ont beaucoup de demandes, ont souvent des réponses préécrites, et cela peut prendre quelques jours avant de retourner une réponse. Il faut donc poser des questions plus spécifiques pour voir si on obtient une réponse ou si on nous répond systématiquement de manière générale – comme si nous avions affaire à un robot
  • Est-ce que la personne se présente comme le propriétaire?
    • Un autre élément commun chez les fraudeurs est qu’ils souhaitent justifier la généralité de leurs informations et ainsi, ils se dissocient de celles-ci en se présentant comme un « gestionnaire de plateforme » ou encore un « agent commercial ». Certains propriétaires ont remis la gestion de leur(s) propriété(s) entre les mains d’une équipe de gestion, oui, mais gardez en tête qu’une compagnie de gestion mise sur un plan d’affaires basé ultimement sur la visibilité, le marketing et l’expérience utilisateur en ligne. Si, comme dans l’exemple ci-haut, l’adresse courriel de cette « plateforme » est une adresse courriel personnelle, que l’équipe de gestion n’a pas de site web, ni de logo : soit l’équipe de gestion ne fera pas long feu, soit vous avez affaire à des fraudeurs
  • Est-ce que les canaux de communication sont variés ou c’est entièrement par courriel?
    • Encore une fois, cet élément peut être un indicateur mais il faut garder en tête qu’il y a certaines raisons qui poussent un propriétaire à ne pas ouvrir d’autres canaux. Cela dit, si plusieurs des éléments précédents sont présents et qu’il vous est impossible de joindre le propriétaire autrement que par courriel, c’est un signe supplémentaire d’une possible tentative de fraude
  • Est-ce que vous ressentez qu’il faut agir rapidement?
    • Si vous êtes ou avez été victime d’une fraude, cessez de vous culpabiliser. Il est important de comprendre que n’importe qui peut être piégé et cela repose principalement sur le fait qu’en tant qu’humain, nous nous laissons emporter par le sentiment d’urgence.
    • Si vous ressentez qu’il vous faut agir rapidement, c’est que les fraudeurs vous poussent à agir sans avoir le temps de réfléchir et de faire vos recherches. D’où l’expression : c’est trop beau pour être vrai. Lorsque c’est trop beau, il faut agir rapidement car on sait que nous ne sommes pas les seuls intéressés. On veut donc être le.la chanceux.se, et c’est ce qui a de plus normal. Toutefois, cela peut malheureusement nous coûter très cher.

En conclusion, pour tout type de fraude, la clé est d’être vigilent et de ne jamais se laisser aveugler par le sentiment d’urgence. Malheureusement, les stratagèmes s’adapterons constamment à nos comportements et il sera de plus en plus difficile de les déceler. La bonne nouvelle c’est qu’en ne se laissant plus emporter par le sentiment d’urgence, on se donne le pouvoir de vérifier et réfléchir avant d’agir.

Avez-vous été victime d’une telle fraude? Avez-vous réussi à éviter une tentative de fraude? Aidez les autres à être vigilent et partagez-nous vos histoires : info@eskapad.ca


1 Référence : https://citq.qc.ca/fr/index.php

2 Pour valider un numéro de CITQ, rendez-vous sur le site de BonjourQuébec et insérez le numéro dans la barre de recherche de l’accueil. Si aucun résultat n’apparaît, cela vous indique que le numéro n’est donc pas existant.